Bruxelles, le 22 septembre 2007.
LETTRE OUVERTE
à M. le Ministre-Président Yves Leterme
et à tous les flamingants de Flandre
à propos de l’apprentissage des langues étrangères.
Monsieur le Ministre-Président,
Quand allez-vous donc cesser de nous importuner avec vos options anti-francophones primaires, avec vos insultes à peine voilées, et avec votre refus de considérer Bruxelles comme une région à part entière ?
Autant que vous le sachiez tout de suite : Bruxelles ne se laissera jamais flamandiser. D’autant plus que « l’origine flamande » de Bruxelles est parfaitement contestable (lire le blog Taliesin.Reporter, notes de rupture 4 et 5).
Revenons à vos insultes qui s’adressent à tous les francophones, Belges Wallons et Bruxellois…
Ainsi nous serions trop bêtes pour apprendre la langue néerlandaise ?
C’est vrai que nous pourrions nous éterniser dans une dissertation intéressante qui déterminerait à quoi cette langue (sans racines historiques, donc tout à fait artificielle) nous servirait. Mais le Docteur Grosjean l’a déjà fait, avec talent, bien avant nous, le 18 Août 2007 sur internet. Je vous laisse donc apprécier sa verve, son intelligence et son esprit.
Non, ce qui nous indispose fortement, nous, Belges francophones, Wallons et Bruxellois, c’est votre grossierté et votre manque de culture. Quoi, ne pas connaître les paroles de la Brabançonne et pas même en flamand ? Comment vous reprocher dès lors de ne pas connaître le Professeur Alfred Tomatis, médecin et chercheur français, oto-rhino-laryngologiste de renom (1920-2001) ?
Comment vous reprocher de ne pas connaître ses travaux ? Mais peut-être les connaissez-vous, mais cela ne vous arrange nullement de le laisser paraître. Vous n’auriez plus la possibilté de nous insulter comme un charretier. Puis-je me permettre un petit rappel, une petite leçon de sciences ?
La méthode Tomatis porte en effet sur les relations existant entre l’oreille et la voix, donc entre l’écoute et la communication. Elle est fondée sur trois lois qui ont fait l’objet de communications en 1957 et 1960, aux Académies des Sciences et de Médecine de Paris ; ces lois définissent « l’effet Tomatis » et s’énoncent comme suit :
-La voix ne contient que ce que l’oreille entend ;
-Si l’on modifie l’audition, la voix est immédiatement et inconsciemment modifiée ;
-Il est possible de modifier durablement la phonation par une stimulation auditive entretenue pendant un certain temps (loi de rémanence).
Langues étrangères
« La Méthode TOMATIS permet un travail en profondeur sur la fonction d'écoute, par une éducation de l'oreille, premier outil de réception de la langue ; la voix, et notamment son timbre, étant en grande partie liée à la qualité du système auditif, il paraît nécessaire, pour la faire évoluer, de travailler avant tout sur l'oreille, siège des fonctions d'écoute et d'analyse des sons indispensables pour un bon apprentissage : ce principe est fondamental dans le cadre de l'apprentissage d'une langue.
Ce travail va donc consister à habituer l'oreille à percevoir et analyser des gammes de fréquences et des rythmes très variés, propres à chaque langue à intégrer. En effet, les paramètres fréquentiels et rythmiques peuvent être très différents d'une langue à l'autre, et il est nécessaire que l'oreille puisse être habituée à cette véritable gymnastique.
Ainsi, si l'on considère qu'une oreille humaine normale peut percevoir des sons dans une gamme de fréquences allant de 16 hertz à 16000 hertz, il est intéressant de savoir que ce que Tomatis appelle les bandes passantes de chaque langue, c'est à dire les zones fréquentielles à l'intérieur desquelles l'analyse des phonèmes est réalisée avec le plus de précision, sont assez distinctes les unes des autres ; à titre d'exemple, voici quelques-unes des bandes passantes exploitées par certaines langues européennes :
Territoires fréquentiels:
Allemand : de 125 à 3000 herz
Anglais : de 2000 à 12000 herz
Espagnol : de 125 à 500 et de 1500 à 2000
Français : de 125 à 250 et de 1000 à 2000
Italien : de 2000 à 4000
Nord Américain : de 1000 à 4000
Russe : de 125 à 12000
Toujours à titre d'exemple, il est intéressant de savoir que les langues slaves ont une bande passante beaucoup plus large que celles des langues européennes, ce qui explique en partie la facilité légendaire des natifs de ces pays pour apprendre les langues.
Revenons-en aux Flamands et aux Francophones… On voit très nettement, que la langue flamande, que l’on peut assimiler à la langue allemande, possède une bande passante beaucoup plus large que la langue française, de 125 à 3000 hertz pour les flamands contre 125 à 250, et 1000 à 2000 pour les francophones.
En d’autres mots, dès le plus jeune âge, les sons et leur variété modulent l’oreille, et ouvrent celle-ci d’une façon plus large ou plus étroite. Il est donc plus facile à un flamand d’apprendre la langue française qu’à un latin (Français, Espagnol, Italien…) d’apprendre une langue germanique. Est-ce une raison pour dire aux gens qu’ils sont bêtes ?
Et si nous demandions aux flamands s’ils ont lu Victor Hugo, Lamartine, Châteaubriant, Anouilh, Apollinaire, Verlaine, Rimbaud, Voltaire, Giraudoux… et combien d’autres auteurs devenus classiques dans cette grande culture européenne d’aujourd’hui ? Si la réponse est « non », va-t-on dire que les Flamands sont bêtes ?
Personne ne dit que les Latins soient incapables d’apprendre le Flamand. Encore faudrait-il qu’ils soient motivés. Serait-ce vous révéler un secret que de vous dire que les exemples populistes ou musclés venus du Nord du pays ne sont nullement motivants ? Jeune journaliste, j’ai assisté, in illo tempore, aux manifestations des extrémistes flamands à Wemmel. Mon photographe s’est fait assaillir, jeté par terre, matraqué, son appareil piétiné. Moi-même, voulant lui porter secours, je reçus moultes coups de poing et de pied… Et plus récemment, à Linkebeek ou à Rhode…
Est-ce cela la Flandre Monsieur Leterme ? On répond à la culture française abhorrée par des coups ? Ou comme vous, par des insultes ? Curieuse pathologie... Cette Flandre-là vous pouvez vous la garder, Monsieur Leterme… Il arrivera bien un jour où vous vous boufferez entre vous, entre Flamands. Mais n’espérez pas importer votre extrême-droite, et vos voyous casqués à Bruxelles…
Jean-Luc Vernal.