à Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal… à la même table du même poker qui nous exclut.
Il gît, miroitant, sur les genoux glacés du temps depuis l’aube de l’Aube.
Petits bipèdes… Il nous contient tous, lui, ses abords, et son pourtour. Certains n’osent pas y entrer. Ils passent leurs vies à glander tout alentour. C’est leur droit de refuser les règles de ce jeu cruel. Ils sont marginaux… certains en sont fiers. Chacun son truc !
(Aucun parmi eux ne recevra le fil d’Ariane…)
Il gît, chatoyant, sur les marches froides du marbre rare qui mène au Pouvoir absolu.
Il semble construit, érigé selon des plans d’architecte (mais par qui ?). Il gît immobile, mais il vit, lui seul, puisqu’il gouverne nos vies de guingois… Il palpite, il frémit comme un fauve aux aguets.
Lui, le labyrinthe en surbrillance, avec ses
murs mobiles, gélatineux de chair flasque, dégoulinante de sucs immondes, qui s’avancent, puis se reculent pour se faire un maquillage de graffitis où le dollar se dispute à l’euro. Ensuite un petit collage d’affiches de sourires faux, de grimaces politiciennes, puis s’avancent encore et nous étouffent.
Ils ricanent, juste assez pour nous piquer au vif, et nous forcer à marcher de l’avant. Plus vite, et plus vite encore…
Envoi d’images hallucinatoires. Le labyrinthe nous fait croire que nous avons dans nos poches l’arme qui vaincra son allié de toujours, le Minotaure. Aussi le fil de la chance, celui d’Ariane, pour nous aider à sortir de son intestin qui se ramifie à l’infini.
De fait, il n’est qu’un gros intestin, plein de petites hernies qui ne nous mènent nulle part, qui nous font perdre du temps. Pendant qu’il nous digère. C’est sa fonction.
Il nous laisse entendre que lorsque nous aurons massacré le Minotaure et que nous serons sortis vivants par le trou de son cul, nous aurons conquis le Pouvoir à notre tour, que nous n’étoufferons plus, que nous serons enfin heureux, que nous pourrons posséder toutes les filles, ou mieux, la seule qui nous fasse défaillir.
Et même, pour ceux que ça excite : qu’ils pourront à leur tour créer un nouveau labyrinthe afin que d’autres s’y fourvoient sans jamais atteindre la sortie, sauf en se faisant chier jusqu’à la toute fin, comme une merde.
Le labyrinthe, l’attrape-nigaud majeur…
Dès que le Minotaure est mort, les murs se mettent à pousser vers l’extérieur -pustules humides et jaunes- une éruption de moulages obscènes et facétieux : des pieds-de-nez, des bras d’honneur, des majeurs tendus qui font le signe de te défoncer l’anus, un sexe d’âne énorme en demi érection, une main fine, féminine ou masculine, qui s’avance vers ton froc, à hauteur de braguette pour baisser la tirette et te branler, le tout ponctué de petits rires hystériques…
Puis les murs se mettent à vibrer, à sonner même, pour mettre en alerte toutes les polices minotaures du monde ; qu’on t'arrête, qu’on t'enferme, qu’on te digère définitivement…
Les sorties sont bloquées, constipées… On cherche à t'anéantir sur place. Beaucoup de bipèdes sont épuisés, sans plus de courage. Ils se laissent choir. Assis par terre. Dos aux murs qui les aspirent et les avalent en quelques secondes.
Certains se mettent à courir vers la sortie. Un sur cent y parvient ! Il croit obtenir le Pouvoir. Celui de dominer les autres. Celui de gagner le jackpot. Il est couvert de merde mais il affecte de s’en foutre. Ou alors il s’écroule, juste après la sortie, trop vieux tout à coup, trop usé pour faire un pas de plus.
Personne n’a pensé qu’ il fallait détruire le labyrinthe… Arracher une corne du Minotaure, et poignarder la paroi des murs sans relâche. Elargir le trou. Avec la ténacité et l’énergie d’un mineur de fond.
Y mettre un grand rire explosif… Y plonger son sexe comme un bâton de dynamite… Y enfouir son intelligence atomique au-delà du seuil critique. Sans compte à rebours. Sans plus de comptes en banque. Sans plus de banques.
Evaporer définitivement le labyrinthe et ses annexes: changer d’harmonique, changer de monde… changer le monde…
Planter des chênes, immédiatement millénaires, aux racines mangeuses, broyeuses, affamées par des siècles de faim de justice, sur les escaliers du Pouvoir…
Poudre de marbre s’envole au vent.
Ma jeune femme divinement nue sous sa robe de dentelles blanches peut enfin rire vraiment.